we must fight to survive.Son poing heurta le visage déjà tuméfié du voleur. Il chuta sur le sol avant de lâcher son butin et de s’enfuir. Se penchant William attrapa le sac à main et fit volte face afin de le rendre à sa propriétaire. Cette dernière le remercia et le gratifia d’un de ses plus beaux sourires. Remarquant qu’il était blessé à la lèvre, elle sortit un vieux mouchoir de tissus blanc nacré et le passa sur la plaie. Puis d’une voix gracieuse, elle lui proposa :
« Vous voulez… » « William. » « Vous… » « William. » « William souhaitez-vous que je vous soigne, j’habite à deux blocks d’ici. C’est un moyen pour moi de vous remercier. » Sous le charme, il ne put qu’acquiescer et l’accompagna chez elle. Elle habitait un spacieux appartement, lumineux, à son image. Elle avait tout juste dix-huit ans et était étudiante en biologie. Tout en jouant à l’infirmière avec lui, ils discutèrent longuement, prenant un coca. Il apprit qu’elle venait d’arriver en ville pour ses études et qu’elle ne connaissait pas véritablement les endroits branchés de la Grande Pêche. William s’enquit de se proposer comme guide. Et, au fil des sorties nocturnes, ils commencèrent à flirter et finir à sortir ensemble.
Cela faisait deux ans qu’ils avaient emménagé ensemble. Chacun continuait ses études. Cette année, William devait terminer ses études d’orthodontie. Il ouvrirait son cabinet et fonderait une famille avec la ‘femme de sa vie’. Cependant, il n’imaginait pas que la famille était déjà en route. En effet, fin janvier de cette année là, elle lui apprit qu’elle attendait un bébé. N’ayant pas prévu cela avant deux, trois, voire quatre ans, il fut en état de choc, puis un sourire apparut sur son visage. Il la prit dans ses bras et l’embrassa longuement. Il s’imaginait déjà en train de pouponner, de le balader dans sa poussette. Le rêve se brisa lorsque lui annonça son projet de partir sur les côtes mozambicaines afin d’en étudier la faune et la flore sous-marine avec l’un de ses professeurs de l’université.
« C’est la chance de ma vie. » lui dit-elle.
« Je ne risque pas de la laisser passer. Ce projet est capital pour ma vie professionnelle à venir. » Il l’écoutait, n’ayant pas l’opportunité de placer un mot.
« Tu imagines ce que je pourrais faire nantie de cette expérience ? » Elle l’embrassa attendant son approbation. Il ne sut que répondre. Il pensait d’abord au petit être qui grandissait dans ses entrailles.
« Et le bébé ? » l’interrogea-t-il. Elle était enceinte, elle devait plutôt penser à lui, à sa sécurité.
« J’en ai parlé avec le directeur du projet, il m’a assuré que cela ne posait pas de problème. Quand viendrait le temps pour moi de me reposer, je le ferais. Je pourrais toujours superviser certains travaux sans pour autant plonger. » Elle était toute excitée.
« Je ne pense pas que ça soit judicieux pour le bébé ! » Elle renchérit
« Viens avec moi, tu veilleras sur moi ! » Il la regarda éberlué.
« Et je ferais quoi là-bas à part de surveiller ? » Il mit bien l’accent sur le dernier mot.
« Tu ouvriras ton cabinet ! » Il rétorqua :
« Au milieu de nulle part ! » Elle était vraiment attristée qu’il ne partage pas le même engouement pour son projet.
« Je peux très bien partir, et tu me rejoins là-bas dès que possible ! » Il lui objecta :
« Je n’aime pas particulièrement les relations longue distance. Et je ne me vois pas exercer là-bas. D’ailleurs quand est prévu le départ ? » Elle se mordilla légèrement les lèvres, baissa les yeux et regarda avec beaucoup d’attention le sol. William attendait sa réponse. Elle minauda dans sa barbe :
« Deux semaines. » Les oreilles du jeune homme sifflèrent en entendant cela.
« QUOI ? Et tu n’as pas trouvé judicieux de me prévenir plus tôt ? » Elle avait les yeux au sol, était rouge de confusion. Elle tenta une explication :
« Tu comprends, lorsque j’ai appris que j’étais enceinte et quand j’ai vu que tu étais aux anges, je n’ai pas osé. Je regrette ! » La discussion haussa d’un ton et l’énervement s’empara des deux parties. Certaines choses furent dîtes sans pour autant être pensées, d’autres furent malheureusement tues. Deux semaines plus tard, elle prit l’avion vers le Mozambique laissant celui qu’elle aimait pourtant, le père de son enfant. William était dévasté, mais il remonta la pente même s’il changea énormément pour s’en remettre.
Il attendait dans son bureau que sa secrétaire lui porte le dossier médical de l'un de ses jeunes patients. Cela faisait déjà cinq minutes qu'il l'attendait. Il pianotait nerveusement sur le rebord de son bureau, lançant des regards incessants sur l'encadrement de la porte. Puis, celle-ci s'ouvrit et une jeune femme aux cheveux de paille entra, un dossier dans les mains.
« Vous en avez mis du temps! » Penaude, elle maintint toutefois son regard avant d'ajouter
« Veuillez m'excusez Monsieur Winston. » Elle s'approcha du bureau et lui tendit le document.
« Posez-le ici Pénélope! » dit-il sèchement. Elle s'exécuta et s'en retourna à sa besogne. Avant qu'elle n’ait passé la porte, il lui demanda:
« Je souhaiterais vous voir à la fin de mes rendez-vous. Il faut que nous parlions de choses sérieuses. » Elle acquiesça et disparut de la circulation. Il se pencha et attrapa le dossier afin d'y jeter un coup d'œil.
*
Un jeune garçon d'une dizaine d'années pénétra, accompagné de sa mère dans le cabinet. Sans aucune sorte de cérémonie il invita le garçonnet à s'asseoir sur le siège prévu à cet effet. William était souriant:
« Le petit homme Tom, comment vas-tu depuis notre dernier rendez-vous? Tu n'as pas trop fait de bêtises? » Demanda-t-il alors qu'il préparait les divers outils qu'il aurait besoin pour le travail.
« Non, je n'ai pas fait de bêtises! Je suis toujours sage comme une image! » Répondit le petit gars, les joues cramoisies. William ne put retenir un petit rire. S'adressant au père de famille:
« Ils sont incorrigibles! » Il se concentra sur son jeune patient et lui demanda de faire un beau sourire. Il le fit. Ses bagues s'étaient volatilisées, il y avait du travail à faire.
« Il faudrait que tu m'expliques comment tu t'es fais ça. » Demanda-t-il taquin. Affichant un grand sourire le jeune garçon expliqua
« J'ai peut-être mangé un caramel un peu trop dur. » William lui ébouriffa les cheveux.
« Il était bon, au moins? Quitte à avoir tout foutu en l'air autant s'être fait plaisir » Il hocha positivement. « Bon bonhomme, on attaque! »
*
Il raccompagna sa dernière patiente. Sa longue journée était finie. Quand il arriva dans le bureau de sa secrétaire, elle remplissait de la paperasse. Il ferma la porte derrière lui et s'approcha du bureau:
« Comment vous pouvez vous y retrouver dans ce merdier? » Demanda-t-il violemment. Il passa sa main sur la paperasse éparpillée de ci, de là sur le bureau.
« Pas étonnant que vous mettiez une plombe à retrouver certains dossiers! » Elle semblait sur les nerfs. Elle réussit toutefois à glisser entre l'interstice un
« Désolé! » William s'était glissé derrière elle et l'observait sous toutes les coutures. Il siffla à son oreille
« Il faudra arranger cela! » Délicatement, il mit ses mains sur ses épaules et commença à la masser.
« Vous êtes extrêmement tendue. Il faut arranger ça. » Il commença à déposer un baiser au creux de son cou et il dégrafa son chemisier.
« Monsieur Winston... Non! » Susurra lascivement avant de fermer son chemisier. Elle ne voulait pas tomber dans ce genre de travers.
« Ne reniez pas vos pulsions, je sais très bien que vous m'avez mis en rogne pour avoir une bonne correction! » Il fit pivoter sa chaise à roulettes, lui défit le chignon qu'elle avait sur la tête. Sa chevelure dégringola sur ses épaules lui donnant un air de sauvageonne.
« Penny! Penny! Penny! » Répéta-t-il avant de réitérer un assaut qu'elle ne put refouler. Il poussa la paperasse qui chuta par terre et installa sa partenaire sur le bureau. Elle tenta de résister… Il la rappela à l’ordre :
« Détendez-vous… Vous êtes beaucoup trop stressée. Laissez-moi vous faire du bien… » Il l’embrassa dans le coup avant de descendre petit à petit jusqu’à son nombril, jusqu’à atteindre sa cité interdite qu’il titilla en entendant les gémissements de plaisir. Elle posa l’une de ses mains sur sa tignasse, lui tirant dessus pour l’arrêter…
« Monsieur Winston ! Arrêtez ! Je vous en prie ! » Emporté dans son élan, il ne l’entendait pas, il ne l’entendait plus… Il ne vit rien venir. Dans un moment de lucidité, elle donna un coup de pression sur la tête de son patron. Le menton de ce dernier heurta sans ménagement le rebord du bureau. Il étouffa un cri de douleur. Elle en profita pour partir, le poussant au sol. Ce dernier maugréa dans sa barbe, la traitant de tous les noms d’oiseaux possibles. Il s’était fait avoir comme un bleu. Lundi, il mettrait fin à son contrat de travail.
Il était tranquillement attablé, le regard dans le vide, fatigué. Il le moindre élément autour de lui: la décoration défraîchies, les bibelots les plus loufoques les uns que les autres. Pendant ce temps une odeur de pain grillé s'échappait de la cuisine et se diffusait dans le rez-de-chaussée. Alors qu'il peinait à garder les yeux ouverts, le déjeuner fut servi. Il eut droit à un déjeuner princier. Du café, beaucoup de café, des viennoiseries, du jus d'orange et d'autres gourmandises qui faisaient saliver. Sans demander son reste, il attrapa la cafetière et se servit une bonne tasse. Il huma l'odeur corsée du breuvage tandis que son hôte vint s'asseoir sur ses genoux, et lui passa la main aux cheveux.
« Tu sais que tu es terriblement sexy comme ça? » Au premier abord, il ne répondit rien, préférant de loin remplir son gosier. Une main passa sous son tee-shirt et le caressa. Il restait de marbre et but une gorgée de café. Ses gestes devenaient de plus en plus insistants.
« Dois-tu vraiment partir travailler... On pourrait... » William l'observa et demanda candide
« On pourrait quoi? » Un petit rire cristallin s'échappa.
« Toi, moi, encore. » William lui sourit. Il saisit la main baladeuse et l'extirpa de dessous son tee-shirt.
« Écoute! On a passé une nuit divine, je le conçois mais j'ai un travail. » Il termina sa tasse de café, s'empara d'un croissant qu'il engloutit avant de s'éclipser. Il eut juste le temps de dire
« Je te rappelle! » Il ne rappela jamais. C'est ainsi que se terminer toutes ses aventures.
« William,
J'ai décidé de revenir à Atlanta. J'espère pouvoir te voir. Tu m'as manqué. »Lorsqu'il vit cette lettre, il n'en revint pas. Cela faisait sept ans qu'il n'avait plus eu de nouvelles, plus eu de signe de vie, rien. Et elle refaisait surface maintenant. Il était partagé entre la colère de la revoir alors qu'elle l'avait tout simplement laissé choir, préférant sa carrière à sa vie sentimentale, et la joie d'enfin pouvoir voir son fils, la chair de sa chair et le serrer dans ses bras. Il appréhendait la rencontre. Il n'en était pas encore là. Tout vient à point à qui sait attendre.